Nous sommes le 1er mars, dans l’après-midi. Après une première partie de journée de travail, Gilles va à la machine à café pour se redonner un peu d’énergie : il a encore du pain sur la planche avant ce soir ! Pendant que la machine lui prépare son hydromel de courage, il s’interroge sur les impacts possible du passage en AMP.
En expert du domaine, Gilles sait que le contenu AMP est une approche très utilisée pour les sites d’actualité. Mais pour les autres ? Est-ce pertinent de proposer ce type de contenu à des clients ne proposant pas de contenus aussi chauds que les sites de news ?
Passion et métier n’étant jamais bien loin chez RESONEO, Gilles partage son questionnement à l’équipe. Nous vous avons retranscrit les échanges qu’ont eus nos consultants SEO sur le sujet !
Je m’interroge sur la pertinence de conseiller aux clients
de passer certaines de leurs pages en version AMP, hors site d’actu. A-t-on des preuves sur le fait que l’AMP permet d’augmenter les visites sur une page ?
– A-t-on comparé les taux de rebond ?
– A-t-on des exemples d’implémentations ou les URL des liens croisés sont faits sur une page AMP vers d’autres URL de pages au même format AMP ?
– Ou des exemples ou les liens sont faits vers les URL natives du site ?
– Les pages chargent plus vite avec l’AMP, mais le site est quand même dans une version différente ! La conversion s’en ressent peut-être aussi ? On sait que plus une page charge vite, plus il y a de chances que l’internaute reste et convertisse, mais si la nouvelle version proposée au format AMP n’est pas lisible en matière d’UI, la page a beau charger aussi vite que possible, elle ne convertira quand même pas ! A t-on étudié le fait que les URL qui pouvaient être partagées en version AMP ne sont donc pas celles du site et si on obtient des liens on perd le jus des liens obtenus… Si des liens se créent comment mesurer l’impact ?
Sébastien : Hello Gilles !
Tes questions sont très intéressantes ! Hors site de presse, garde en tête que :
– AMP n’apporte pas de boost de ranking, donc il ne faut pas s’attendre à une hausse de trafic
– Que beaucoup de sites qui passent sous AMP utilisent un template très dégradé alors qu’on peut très bien faire des choses sympas en CSS (= Taux de rebond élevé, conversion faible, etc)
– Que Google a revu le système de lien de partage :
Quentin : Hello Gilles,
Idem, je n’ai pas de chiffres intéressants sur l’AMP appliqué hors site d’actu. Par contre, on peut déjà tirer des conclusions sur l’aspect SEO, UX et e-commerce.
Pour ce qui est des bénéfices SEO : il n’y a pas encore de bonus ranking direct hors sites d’actus.
Pour ce qui des bénéfices UX : en tant qu’utilisateur mobile assidu, je clique sur des pages AMP car elles se chargent instantanément, et si j’ai le choix, je refuse de cliquer sur celles non AMP dans bien des cas, car les 10 secondes de temps de chargement, qui étaient il y a 1 an acceptables, me semblent à présent être une éternité après avoir goûté à l’AMP !
Quentin : Concernant le e-commerce : l’AMP force un peu les équipes à faire un site qui répond aux attentes de base, et à limiter le marketing agressif à l’aide de technos qui flinguent l’UX.
Sur du e-commerce, l’essentiel du trafic qui arrive sur une page produit veut une/des images, une description (prix, produit, livraison…), un bouton acheter. Si pour ce trafic tu proposes une UX hyper optimisée, tu ne peux qu’améliorer ton image de marque. Et l’image de marque, c’est ce qu’a de plus cher une boutique e-commerce qui entend rester dans la compétition et/ou se développer 🙂
La bataille des prix a déjà eu lieu. C’est au tour de la bataille sur l’UX, au sens large, pas simplement de l’interface. Tout le monde se rabat sur Amazon au détriment des (e)commerçants nationaux. Amazon était un des premiers e-commercant à communiquer sur l’impact du temps de chargement sur les taux de conversions. Amazon a donc toujours misé sur une UX (au sens large: site, prix, pas de popup, pas de background, etc. ) hors norme. Et ça marche 🙂
Une UX optimisée est donc bénéfique à la marque, ce qui se traduit par la suite par un meilleur CTR dans les SERPs et par un plus faible taux de pogosticking/retour dans les SERPs, et par la suite par un meilleur ranking sur le long terme.
Statistiquement, à prix égal, l’utilisateur retournera sur le site qui lui permet d’obtenir ce qu’il voulait en ayant fourni le moins d’efforts. C’est un peu la clé de la réussite de Google : proposer immédiatement un résultat pertinent, au lieu de devoir parcourir 10 sites sur Altavista. L’effort humain à fournir est généralement plus important sur un site non optimisé (attendre devant un écran, fermer des popup, recharger la page, etc.).
AMP aide techniquement à améliorer l’UX, si on part des besoins fondamentaux de l’utilisateur. Mais il faut que l’utilisation qui soit faite de cette techno corresponde aux attentes de l’utilisateur.
D’ici quelques années AMP sera la norme pour faire survivre une boutique en ligne, tout comme le site mobile « de base » est la norme aujourd’hui.
Je reste malgré tout septique sur le fait que l’AMP permet d’attirer plus de trafic, voire de le fidéliser. Prenons un exemple : une de mes amies a passé un de ses sites en AMP et voici le résultat :
– Visites avant : 3200 vus/jour
– Visites après : 2500 vus/jours sur le site + 700 vus/jours sur AMP, ou est la progression ? 😉
Et d’ailleurs son taux de rebond a augmenté de +10% avec la version AMP…
Avez-vous des avis ou des retours d’expérience ?
Quentin : Concernant le site de ton amie :
Le côté positif, c’est que le trafic n’a pas baissé et que le site aura une longueur d’avance quand il y aura officiellement une course au passage à l’AMP pour ne pas être sanctionné.
Et si le taux de rebond a augmenté, ça peut être positif : les internautes ont peut-être trouvé ce qu’ils cherchaient immédiatement tellement le site est bien fait sur AMP ?
Est-ce que tu compares Desktop VS AMP, ou Mobile VS AMP ?
Sur mobile, compte-tenu de la différence d’intention ayant généré la visite, un taux de rebond plus élevé que Desktop n’est pas surprenant.
AMP vaincra 😉
Sébastien : Un billet vient justement d’aborder le sujet du tracking et notamment du taux de rebond :
Et pour info, vous avez dans le Zapeo du mois dernier un point sur l’AMP, un an après (à partir de 5:20)
Gilles : Encore merci pour vos retours et avis 😉
Quentin, je suis d’accord avec toi sur le fait que l’utilisation de AMP est un plus non négligeable pour l’UX car rapidité assurée.
Néanmoins, je pense que c’est déporter le problème car si effectivement les éditeurs se donnent les mêmes limites que celles qu’imposent AMP :
– Pas de JS/CSS inutiles sur les pages
– Async load de tous les scripts
– Affichage hors scope du premier viewport des portions qui peuvent mettre plus longtemps à s’afficher, expl. : iframe
– Code HTML ultra-simplifié
– Mise en cache pour servir du statique de façon systématique
Dans ce cas tout le monde peut faire un site qui charge très vite et là pas besoin d’avoir AMP
Et effectivement pour le taux de rebond, on pensait tout à fait la même chose avec mon amie^^ Si tu trouves ce qui te convient sur la première page pas besoin d’aller plus loin.
Pour les PWA (pas forcément AMP), c’est à mon avis le plus gros progrès du web des années à venir! Le soucis est l’installation qui est encore peu documentée, et à priori il faut faire attention à la gestion du local storage qui peut être hasardeuse.
Guillaume : Hello à tous,
N’oubliez pas qu’au-delà du code HTML simplifié et toutes les restrictions imposées, l’AMP repose aussi beaucoup sur la mise en cache côté Google qui est très performante. Google compresse les images, check le code pour la sécurité, peut modifier le code à la volée pour l’optimiser et propose surtout une infrastructure à toute épreuve côté hébergement.
Par ailleurs, l’AMP n’a pas été pensé uniquement pour des grands retailers ou sites de presse (qui auraient peut-être pu faire aussi bien s’ils s’étaient bougés), mais aussi pour des sites de moins grande envergure qui ne disposent pas des mêmes ressources. Pour ceux-là, l’AMP peut constituer un standard et la mise en cache côté Google est un gros plus.
Plus globalement, aller vers l’AMP avant tout pour le SEO est un non-sens. Il n’y a aucun gain niveau ranking et il n’y aura à terme plus aucun gain en termes de visibilité sur la SERP. Concernant les sites éditoriaux, ils ont migré non pas pour le gain espéré mais pour éviter d’y perdre.
Comme l’a souligné Quentin, le gain est avant tout côté UX. C’est clairement plus rapide, plus minimaliste, moins brouillon. Et n’oublions pas que le format s’enrichit régulièrement avec de nouvelles fonctionnalités.
Mais l’AMP permet surtout d’avoir un standard pour le web mobile. Pour toutes les parties prenantes du secteur, c’est rassurant d’avoir un standard efficace, soutenu par un acteur plus que majeur et qui est donc là pour durer. A long terme, c’est un gain de temps et d’argent car on peut se concentrer sur une « techno ».
Enfin, je rejoins Gilles pour dire que le PWA est un progrès encore plus important car l’on sort véritablement du cadre purement technique. C’est un formidable outil de fidélisation avec potentiellement un accès direct à l’utilisateur.
Bonne journée 🙂
Quentin : Le sujet : « a-t’on besoin d’avoir un site AMP ou non » ressemble au débat qui était de savoir s’il faut ou non passer à un framework pour faire ses dev 🙂
Le framework PHP (par exemple) t’aide à développer en réduisant les efforts à fournir et permet à d’autres personnes d’intervenir sur ton projet de développement sans tout casser, et sans avoir à comprendre ta logique.
La contrepartie, c’est que tu apprends à coder sans même savoir faire du PHP.
Là, tu peux faire un site en mettant en pratique toutes les bonnes pratiques du dev frontend CSS/JS/HTML5 sans avoir à:
– Apprendre à faire de l’optimisation de cache (code & serveur)
– Changer ton infra (http2)
– Vérifier sur 40 devices que tout se charge bien
– Garder dans ton équipe uniquement des dev passionnés de webperf
En quelques jours de dev’ sur le framework AMP, tu auras les mêmes performances, avec un SLA de 100% & de la charge serveur proche de 0.
Compte tenu de la tendance assez fréquente du dev’ à vouloir réduire autant que possible les efforts à fournir pour obtenir un résultat identique, de la réduction du nombre d’interlocuteurs que cela permet et au final de l’économie de ressources que cela génère, l’adoption par les DSI va être massive.
Donc oui tout le monde peut faire un site mobile qui se charge aussi vite qu’AMP, mais à mes yeux, dans bien des cas, AMP est la solution la plus économique.
Gilles : J’achète Quentin ^^
Je me méfie pourtant du retour de bâton !
Imagine : Google pousse les e-commerçant à adopter l’AMP, ça fonctionne et même très bien, tout le monde fini par s’y mettre,
Puis Google nous dit d’ici quelques temps : « Cher commerçants, bientôt pour que vos snippets AMP apparaissent dans nos SERPs, il faudra payer ! »
C’est bien tout de même comme cela que ça s’est passé à l’époque pour Google Shopping 😉
Va bien falloir qu’ils rentabilisent leur CDN gratuit à un moment ou un autre ^^
Quentin : C’est effectivement la suite logique habituelle avec Google, tous produits confondus 🙂
Vu le service rendu pour l’utilisateur, l’économie réalisée, l’augmentation du taux de conversions et donc potentiellement la meilleure rentabilisation du clic Adwords, les commerçants seront contents du service apporté par l’AMP 😉
Ce qui me chagrine vraiment, c’est de prendre l’habitude de passer par un seul acteur (Google) pour le cache et le DNS. C’est un peu à l’opposé du projet initial d’internet, et ça ne va pas dans le sens de plus de démocratie. Mais bon… C’est tellement plus rapide 😉
Gilles : Encore merci pour toutes vos réponses, c’était très intéressant ! Si vous souhaitez en reparler à l’occasion, n’hésitez pas!
Bonne journée à vous tous !
Et vous, avez-vous fait votre propre avis sur l’AMP?
Si vous souhaitez ajouter votre pierre à l’édifice, n’hésitez pas à commenter pour continuer le débat !
Et si vous pensez avoir toutes les réponses sur ce sujet, vous pourriez correspondre à une de nos offres d’emploi, rencontrons-nous !